Le BRGM et le lingot d’or d’Al Hajar
Suite à la découverte d’une minéralisation aurifère dans le sud de l’Arabie, et des tests confirmant la transformation de cet or, des tests de lixiviation sont réalisés au centre scientifique d’Orléans. Plusieurs jours s’écoulent avant que le premier lingot d’or puisse être fondu. Jérome Caia* raconte cet instant inédit pour le peuple saoudien.
« La découverte à Al Hajar, en septembre 1987, d’une minéralisation aurifère à potentiel économique est le résultat d’une prospection lancée dès la fin de 1986 par le BRGM, dans les séries volcano sédimentaires du sud de l’Arabie. En mai 1988, les résultats des travaux de terrain et des tests de cyanuration en laboratoire révèlent un gisement à potentiel économique, dont l’or est récupérable par cyanuration à près de 90%. L’essai est marqué, il reste à en assurer la transformation.
À la demande des responsables du ministère des Ressources Minérales d'Arabie Saoudite (DMMR), il est décidé, fin juin 1988, de procéder à un test de lixiviation en tas sur le site pour une quantité de 1000 t de minerai ; l’opération est dénommée Demotest. Outre son caractère démonstratif, le projet a pour objet l’installation d’une unité modeste de lixiviation en tas, gérée et contrôlée scientifiquement, pour mettre au point la future méthode de traitement qui sera appliquée lors d’une étude de faisabilité. Après accord de Maurice Allègre, directeur général, le projet est immédiatement lancé avec la collaboration d’un ingénieur des Mines et d’un minérallurgiste, tous deux venus d’Orléans. L’extraction, le transport, le broyage, l’agglomération du minerai et l’édification du tas sont menés en 6 semaines, du 14 septembre au 30 octobre 1988.
Le 13 décembre 1988, après 45 jours de lixiviation, le premier lingot de doré (75% Au et 25% Ag) pesant 8 kg est fondu en petit comité entre expatriés et techniciens saoudiens du DMMR afin d’éviter un quelconque risque. Le lendemain, 14 décembre, il est refondu devant Isham Nazer, Ibrahim Khaberi, Claude Mandil, nouveau directeur général, et tout un aréopage d’officiels saoudiens. La scène, retransmise par la télévision, se déroule dans un enthousiasme et une émotion indescriptibles chez les Saoudiens : c’est la première fois, depuis la dynastie des Abbassides, que de l’or en quantité notable est extrait de la terre sainte et sacrée de l’Islam et fondu sur place. Le soir même, le lingot est remis entre les mains du roi Fahd. »
*Jérôme Caia est un ancien géologue au BRGM. Régulièrement en mission sur le terrain, il a notamment été chef de mission à Jeddah et à Mascate.
