Le BRGM et Soultz-sous-Forêts
Sous nos pieds se cache une énergie abondante et quasi inépuisable. Conservée dans des roches peu perméables, son exploitation est rendue difficile mais pas impossible. En 1987, dans le cadre d’une collaboration franco-anglo-allemande, les spécialistes BRGM de la géothermie vont participer au grand programme de recherche européen sur le captage de chaleur dans les roches profondes qui va débuter à Soultz-sous-Forêts dans le nord de l’Alsace. Le projet va durer plus de vingt ans !
À quelques kilomètres de profondeur, la chaleur du sous-sol constitue une énergie abondante et quasi inépuisable dont l’utilisation n’engendrerait ni déchet ni gaz à effet de serre. Malheureusement, en grande partie emmagasinée dans des formations rocheuses peu perméables, cette ressource est difficile à exploiter. L’idée est donc venue d’améliorer la perméabilité en profondeur par fracturation hydraulique. Simple dans son principe mais difficile dans son application et nécessairement onéreux, ce concept est appelé "EGS" (Enhanced Geothermal System ou système géothermique stimulé). Plusieurs expériences ont été tentées dans le monde pour mettre au point la technique. La plus avancée a démarré en 1987, en France, dans le cadre d’une collaboration franco-anglo-allemande avec le support de l’Union européenne et de l’Ademe.
Un énorme investissement de recherche
Situé dans le Bas-Rhin, sur le flanc ouest du fossé rhénan, à une cinquantaine de kilomètres de Strasbourg, Soultz-sous-Forêts a été choisi car le granite de la région est naturellement fracturé et possède un gradient géothermal élevé, reconnu par les travaux d’exploration réalisés au siècle dernier autour du champ pétrolier de Péchelbronn.
Deux puits profonds, distants de 450 mètres, ont été creusés (l’un à 3 600 m, l’autre à 3 800 m) ainsi que cinq puits d’observation géophysique (1 400 à 2 200 mètres). Après dix ans de tests et sondages, en 1997 et pendant quatre mois, une circulation d’eau a été réalisée entre les deux forages profonds, avec un débit de 25 kg/s et une température supérieure à 140°C, sans effet de corrosion observée, et avec une puissance de pompage modeste.
Cette première mondiale a donné le feu vert à la poursuite du programme par un groupement d’industriels au sein duquel EDF et sa filiale Électricité de Strasbourg jouent un rôle déterminant. Les travaux ont donné lieu à la construction d’un pilote scientifique avec la réalisation de trois forages profonds de 5 000 m et la mise en service, en 2006, d’une unité de production d’électricité à fluide binaire d’une puissance de 1 MW.
De nombreuses équipes de scientifiques français (BRGM, CNRS, universités), allemands mais aussi suisses, anglais, regroupées au sein de l’European Hot Dry Rock Association (EHDRA) participent à ces travaux. Il s’agit d’un grand investissement de recherche coopérative dont l’intérêt économique est forcément lointain.