1973

Le BRGM en mission hydrogéologique en Vendée

Parti en mission en Vendée, Gilles Bresson* nous raconte comment il est venu en aide à un planteur de tabac. Une réussite malgré un petit vent de panique parmi les agriculteurs venus observer l’opération de forage.

Forage d'eau à Saint-Galmier (Loire,1990). © BRGM.
Forage d'eau à Saint-Galmier (Loire,1990). © BRGM

« En 1973, je débarque en Vendée. Ma mission est de réaliser une étude sur une année hydrologique, dont l’objectif est l'évaluation et la mise en valeur des ressources en eau souterraine dans la plaine de Luçon-Fontenay-le-Comte. Un planteur de tabac à qui je rendais visite et qui possède un puits peu productif m'indique qu'il a besoin d'eau pour irriguer ses plantations.

Je fais donc venir un topographe du BRGM de Nantes pour effectuer le nivellement des puits environnant la propriété de cet agriculteur et, après avoir tracé sur mon plan la surface piézométrique de la nappe libre du Dogger, j'y détecte un léger talweg révélant un écoulement préférentiel qui passe juste à côté de la zone à irriguer. Ainsi j’indique au planteur l’endroit où forer, en lui signalant que, contrairement aux sourciers, je pourrais lui calculer, à 5 cm près, la profondeur à l'endroit choisi. Consultant ma carte piézométrique, je lui donne cette profondeur qu’il grave, avec son couteau, dans le bois du piquet.

Une semaine plus tard, le foreur commence son travail ; après quelques heures, l’eau est trouvée à moins de 3 cm du niveau prédit et indiqué sur le bâton! Le premier test de productivité du forage ne dépasse guère les 10 m3/h, ce qui est insuffisant pour satisfaire les besoins de l’agriculteur. Je fais donc acheter chez un dépositaire de Niort 150 l d’acide chlorhydrique, lequel est injecté dans le forage en présence de nombreux agriculteurs de la région.

L’opération terminée, un bouillonnement apparaît en tête de l’ouvrage, s'amplifie rapidement puis d'un seul coup se transforme en un véritable geyser, provoquant un début de panique parmi les spectateurs. Rapidement l’éruption se calme. Cette fois, le test de productivité dépasse les 50 m3/h : c’est gagné.
Le retentissement de cette opération réussie en Vendée est considérable. »

*Gilles Bresson est un ancien chef du Service départemental d'Hydrogéologie en Meuse puis en Vendée en 1975. Il est à l'origine de la découverte des eaux souterraines du Sud-Vendée et de la méthode de prospection des eaux souterraines dans les massifs granitiques. En tant que chef de la Cellule des Monuments et Sites de la Vendée à partir de 1990, il s'est employé au sauvetage de plusieurs monuments comme le château fort de St Mesmin (Deux-Sèvres).

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